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Camgirl : entre mythe d’une pornographie indépendante et dystopie technologique

Selon les médias, l’activité des camgirls aurait explosé depuis le début du confinement lié aux mesures sanitaires du Covid-19.  Quelle est la réalité de cette activité qui impacte prioritairement des femmes et des jeunes filles ?   >>> LIRE

 article Fondation Scelles Camgirls avril 2020

 

24 octobre 2015, Kendra Sunderland, étudiante de 19 ans entame discrètement, depuis la bibliothèque, un visiochat. Inscrite, en parallèle de ses études, sur un site de camgirl, Kendra dévoile furtivement sa poitrine, avant de se caresser devant la caméra, prenant garde de ne pas attirer l'attention des autres élèves qui déambulent à quelques mètres d'elle. De l'autre côté de l'écran, ce sont des milliers de spectateurs qui l'invitent à aller toujours un peu plus loin dans l'effeuillage en échange de "tokens", monnaie virtuelle permettant de rémunérer, soit en show privé, soit de manière collective, les performances des modèles. L'histoire aurait pu s'arrêter là si la vidéo de Kendra, enregistrée à son insu par un internaute puis postée sur un site de pornographie en streaming p, n'était pas devenue virale en l'espace de quelques jours, contraignant la jeune femme à être entendue par la police, à s'acquitter d'une amende de 600 $ pour exhibitionnisme, avant d'être expulsée, dans la foulée, de l'université. Le « phénomène » des camgirls était dévoilé et n’apparaissait plus comme marginal[1].

 

Le mot camgirl est utilisé pour désigner les femmes qui créent leur compte sur des plateformes de caming et s’exposent sur Internet via une webcam au sein de leur espace de connexion dénommé « showroom », à des fins sexuelles et contre une rémunération financière. On appelle camboy leurs pendants masculins. On en dénombre près de 200.000 dans le monde et dans des proportions importantes dans des pays comme la Roumanie (40.000) ou la Colombie[2].

 

>>> Pour aller plus loin


Les acteurs du « caming »

Si l’on s’intéresse prioritairement aux camgirls à travers ce phénomène, elles ne sont situées qu’en bas de l’échelle d’un business très lucratif où interviennent en tout premier lieu les sites hébergeurs. Ces derniers sont multiples, nombreux et aux intitulés plus ou moins évocateurs. La plateforme numéro 1 sur le marché du caming recense près de 25 millions d’utilisateurs et ayant un chiffre annuel moyen de 400 millions d’euros[3]. L’entreprise est basée au Luxembourg, compte près de 200 salariés et se compose de départements développement, juridique, financier, ressources humaines… bref, comme le résume son directeur général « nous pourrions être une banque »[4]. L’hébergeur est donc chargé de créer un site internet où les camgirls pourront s’inscrire et exécuter leurs prestations. Les administrateurs du site ne les rencontrent jamais ce qui ne les empêchent pas de percevoir 60 à 70 % de ce qu’elles perçoivent pour de la simple mise à disposition d’une plateforme[5].

 

L’autre acteur majeur : le client. Peu d’informations ou de témoignages de ces derniers qui s’inscrivent sur un site de caming et y achètent une certaine quantité de tokens contre un certain prix afin de pouvoir solliciter des camgirls certaines prestations derrière leur caméra. Un reportage d’Envoyé Spécial, diffusé en 2016[6], donne à voir ce que peut être une certaine forme de la clientèle des camgirls : un jeune trentenaire anonyme, ingénieur dans la région lyonnaise vivant seul dans son studio se connecte tous les soirs sur un site de caming afin, dit-il, de « combler son sentiment de solitude » tout en faisant valoir qu’il n’aurait jamais recours à la prostitution car, pour lui, « recours à la prostitution et recours aux services d’une camgirl sont deux choses bien différentes… »[7].

 

article camgirls : le client

 

Les rémunérations peuvent être de divers ordres :

- Au TIPS : l’accès à la showroom est gratuit et illimité et les clients doivent payer un certain nombre de « tokens » pour que la camgirl effectue une prestation ou pour prendre contrôle du sextoy à distance, pendant un nombre de secondes défini. A chaque entrée dans la showroom les tarifs correspondant aux prestations diverses ou à la durée de prise de contrôle du sextoy sont indiqués.

- A l’heure : l’entrée dans la showroom est payante et un tarif horaire est fixé. On parle ici de show privé où un client demande à la camgirl d’être seul avec elle pendant un temps prédéfini au cours duquel elle effectuera diverses prestations.

- Par la création d’une « Fanbase » : il s’agit de la création d’un site internet personnel avec un abonnement mensuel en échange de divers contenus et sessions de caming. Si cette forme de rémunération permet d’éviter l’importante perception de revenus par le site hébergeur, elle nécessite un certain « succès » au préalable.

C’est notamment cette dernière forme de rémunération qui fonde le mythe de la Camgirl « indépendante, libre et loin de toute forme d’exploitation ».

 

Le rêve proposé : une pornographie indépendante, sécurisée et moderne

article Fondation Scelles Camgirls avril 2020Car pour inciter les femmes à devenir camgirl, il est bien nécessaire de vendre un rêve : « Vous pourrez vous acheter tout ce qui vous fait envie et vivre comme une star de cinéma » peut-on lire sur un site de sexcams[8]. Pour rendre ce rêve crédible, il faut le personnaliser avec ses stars comme « Little Red Bunny » labellisée numéro 1 des camgirls et qui symbolise, en apparence, le mythe de la camgirl libre de travailler à domicile lorsqu’elle le souhaite, de pratiquer les actes sexuels de son choix devant des clients qu’elle choisit et ce, de façon sécurisée et indépendante, contre une importante rémunération. L’industrie autour de ce business va même plus loin puisque des récompenses annuelles sont remises lors des Cammy Awards aux camgirls célèbres et ce, dans plus de vingt catégories. Ces cérémonies donnent aussi lieu à des séminaires pour enseigner aux camgirls en devenir comment être plus attirante derrière leur caméra mais aussi pour leur expliquer quel statut choisir pour bénéficier d’avantages fiscaux[9]. Ces mêmes explications se retrouvent sur de nombreux sites expurgés de toute référence sexuelle et sur différents sites d’offres d’emplois à domicile d’apparence traditionnelle qui proposent cette « activité » sous l’appellation plus normalisée « d’animatrice webcam ». La normalisation va même plus loin puisque, lorsque l’on évoque l’activité de camgirl, on parle de « phénomène » et pour décrire cette activité, on évoque un « instagram olé olé »[10] ou un « exhibitionnisme lucratif »[11]. L’incitation prend même une dimension culturelle avec la création d’une websérie, « Camgirls » réalisée par David Slack, où trois femmes calquées sur le modèle des héroïnes de « Desperate Housewives » vont se lancer dans cette activité afin d’explorer leurs désirs inassouvis.

 

Tout est donc fait pour que le caming soit considéré comme un vecteur d’indépendance, de richesse et de libération sexuelle et qu’une jeune fille, une femme aient envie de se lancer dans cette activité dont la réalité est tout autre.

 

La réalité : une forme moderne de prostitution

Tout d’abord l’argent : il suffit de se rendre sur les divers sites de caming pour rapidement comprendre que l’idéal proposé en terme de revenus n’est accessible qu’à très peu de camgirls. En effet, tous les sites de caming sont remplis de pages entières de showrooms de camgirls comprenant très peu de clients, ce qui n’empêche pas ces dernières de garder le sourire face caméra ou d’essayer d’attirer les clients au sein de leur showroom. L’idée est ainsi résumée par Adrianna, camgirl en Roumanie : « Cela prend du temps d’être une camgirl célèbre : passer de nombreuses heures en ligne… être patiente, parler à tous les clients et surtout… garder le sourire »[12]. En attendant la célébrité, nombreuses sont celles qui terminent leur journée sans revenu[13]. Travailler près de 10 heures par jour et souvent de nuit pour les camgirls européennes s’adaptant au décalage horaire avec les États-Unis, premier marché de clients, et ce, pour une rémunération loin du rêve proposé.

 

Qu’en est-il de la “libération sexuelle” proposée ? Même en laissant de côté la rémunération de l’acte sexuel, il est difficile de percevoir une forme de libération sexuelle à travers l’activité de camgirl. Tout d’abord parce qu’entre les deux adultes séparés derrière un écran, l’un dévoile son corps et l’autre (ou plutôt les autres) regarde sans lui-même se prêter à un quelconque acte sexuel. Ensuite parce que, s’il est dit que la camgirl s’adonne aux actes qu’elle consent faire et qu’elle peut donc, elle aussi, explorer ses « désirs inassouvis », la réalité est tout autre : l’hyper-concurrence, oblige la camgirl à se conformer aux désirs des visiteurs de sa showroom ou à les anticiper. Quels sont-ils ces désirs ? Sans grande surprise, une fois passée la phase érotique de l’exhibitionnisme corporel, intervient une phase beaucoup plus phallocentrique où la camgirl est invitée à s’adonner à de la pénétration orale, vaginale et anale et ce, au moyen d’objets de plus en plus imposants. Autre exemple du mensonge que constitue toute idée d’une libération sexuelle au moyen du caming : le contrôle du sextoy à distance. En effet, le ou les visiteurs de la showroom peuvent, en échange de tokens, prendre le contrôle d’un sextoy que la camgirl utilise et ainsi, faire vibrer, selon le rythme qu’ils souhaitent, ledit objet. Dans le cas présent, la camgirl doit arriver à la jouissance ultime (ou faire comme si) afin de satisfaire l’ego de celui ou ceux ayant pris le contrôle de son sextoy. Utiliser des jouets en forme de phallus et simuler un orgasme entièrement dû aux hommes se trouvant derrière leur écran…, la libération sexuelle proposée est là aussi bien lointaine.

 

Enfin et surtout, “l’indépendance”. Ce serait oublier un quatrième acteur fondamental et bien présent dans le business de la camgirl : les studios ou Livecam mansion qui est le lieu d’activités de la grande majorité, sinon plus, des camgirls. Ils constituent des immeubles au sein desquels les camgirls se rendent et où l’ensemble du matériel nécessaire (chambre avec ambiance adéquate, caméras, tenues et sextoys) leur est fourni. A cela s’ajoute le fait que ce sont les studios qui créent les comptes des camgirls, qui détiennent les codes d’accès à ces comptes et qu’elles ont l’obligation d’y exercer, a minima, huit heures par jour[14]. Nous passons dès lors du statut d’auto-entrepreneuse à celui de salariée. Puis s’ajoute le fait que les studios prélèvent une part sur les revenus perçus par la camgirl, déjà largement ponctionnés par la plateforme de caming ; qu’ils surveillent en permanence ce que fait la camgirl dans la chambre de sorte qu’ils peuvent la « motiver » et qu’ils publient un classement interne des camgirls les plus productives. D’un employeur traditionnel nous passons à un employeur aux méthodes de management pour le moins intrusives. Enfin, les managers des studios ne s’arrêtent pas là puisqu’ils définissent la politique des pratiques sexuelles à effectuer, incitent les camgirls à s’y adonner[15] et vendent les profils des camgirls aux sites de plateformes de caming sans que la camgirl puisse s’y opposer ni percevoir une quelconque part sur la vente de son profil[16]… ou comment passer du rêve d’indépendance à la réalité de l’esclavage sexuel.

 

Dès lors, les choses sont claires : le caming met en relation un client qui demande à payer une personne pour que celle-ci effectue un acte sexuel. Cette dernière accepte en raison de la contrepartie qui lui est offerte, une rémunération, et non pour le plaisir libre et personnel que cela lui procure. Il s’agit donc d’un recours à une personne prostituée qui, en plus, est enfermée dans un système prostitutionnel composé de plateformes de caming et de studios qui perçoivent une importante part de ses revenus et lui imposent d’effectuer des actes sexuels auxquels elle n’a pas consenti.

 

Vers une prise en compte du caming par le Code pénal...

Comment est-il possible de créer librement un compte personnel et de recourir aux services d’une camgirl, alors que le recours à la prostitution est interdit en France depuis le 13 avril 2016 ? La difficulté vient premièrement du fait que le Code pénal ne définit pas ce qu’est la prostitution et que la seule définition nous est donnée par la jurisprudence de la Chambre criminelle de la Cour de cassation considérant que la prostitution consiste «  à se prêter, moyennant une rémunération, à des contacts physiques de quelque nature qu'ils soient, afin de satisfaire les besoins sexuels d'autrui » (Crim. 27 mars 1996). L’autre difficulté réside dans le fait que cette dernière définition, considérant que sans contact physique il n’y pas de recours à la prostitution, correspond à l’épistémè contemporaine qui voit dans le caming une nouvelle façon de faire de la pornographie plutôt qu’une autre manière de prostituer des personnes. En l’absence de réelle définition légale et sans appui sociétal, difficile pour la Justice de mettre en œuvre l’arsenal répressif actuel.

 

Néanmoins, les choses semblent évoluer puisque la récente médiatisation de la prostitution des personnes mineures a incité des parlementaires à élaborer une proposition de loi visant à lutter contre la prostitution des mineur.e.s qui, en son article premier, propose d’insérer dans le Code pénal la définition suivante : « La prostitution est le fait d’employer son corps à une relation de nature sexuelle moyennant une rémunération, quelle qu’en soit sa nature »[17]. Cette dernière permettrait donc d’inclure le caming dans une définition de la prostitution et ainsi de pénaliser d’une part les clients pour recours à la prostitution et, d’autre part, les plateformes de caming et les studios pour proxénétisme.

ML (pour l’Observatoire international de l’exploitation sexuelle)

 



[1] Vincent Coquebert , « Cam-girls : elles se dénudent devant leur webcam », Marie-Claire, archives 2015, https://www.marieclaire.fr/,cam-girls-elles-se-denudent-devant-leur-webcam,782217.asp

[2] « Camgirl, du sexe derrière l’écran » (reportage de Cécile Guéry-Riquier, Timothée Dereix, Gérard Lemoine, Battiste Fenwick et Jérémie Drieu), Emission « Envoyé Spécial », France 2, 31 mars 2016, https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/video-envoye-special-camgirls-du-sexe-derriere-l-ecran_1382119.html

[3] Ovidie, « Pornocratie, les nouvelles multinationales du sexe », documentaire vidéo, 87 min, 2017.

[4] Ovidie, « Pornocratie, les nouvelles multinationales du sexe », documentaire vidéo de 87 min, 2017.

[5] Ovidie, « Pornocratie, les nouvelles multinationales du sexe », documentaire vidéo de 87 min, 2017.

[6] « Camgirl, du sexe derrière l’écran » (reportage de Cécile Guéry-Riquier, Timothée Dereix, Gérard Lemoine, Battiste Fenwick et Jérémie Drieu), Emission « Envoyé Spécial », France 2, 31 mars 2016, https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/video-envoye-special-camgirls-du-sexe-derriere-l-ecran_1382119.html

[7] « Camgirl, du sexe derrière l’écran » (reportage de Cécile Guéry-Riquier, Timothée Dereix, Gérard Lemoine, Battiste Fenwick et Jérémie Drieu), Emission « Envoyé Spécial », France 2, 31 mars 2016, https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/video-envoye-special-camgirls-du-sexe-derriere-l-ecran_1382119.html

[8] Stefania Matache, « Bienvenue en Roumanie, le pays aux 100.000 camgirls », Vice, 9 février 2018, https://www.vice.com/fr/article/neqnnw/bienvenue-en-roumanie-le-pays-aux-100-000-cam-girls

[9] « Camgirl, du sexe derrière l’écran » (reportage de Cécile Guéry-Riquier, Timothée Dereix, Gérard Lemoine, Battiste Fenwick et Jérémie Drieu), Emission « Envoyé Spécial », France 2, 31 mars 2016, https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/video-envoye-special-camgirls-du-sexe-derriere-l-ecran_1382119.html

[10] Vincent Coquebert , « Cam-girls : elles se dénudent devant leur webcam », Marie-Claire, archives 2015 https://www.marieclaire.fr/,cam-girls-elles-se-denudent-devant-leur-webcam,782217.asp

[11] Vincent Coquebert , « Cam-girls : elles se dénudent devant leur webcam », Marie-Claire, archives 2015 https://www.marieclaire.fr/,cam-girls-elles-se-denudent-devant-leur-webcam,782217.asp

[12] « Camgirl, du sexe derrière l’écran » (reportage de Cécile Guéry-Riquier, Timothée Dereix, Gérard Lemoine, Battiste Fenwick et Jérémie Drieu), Emission « Envoyé Spécial », France 2, 31 mars 2016, https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/video-envoye-special-camgirls-du-sexe-derriere-l-ecran_1382119.html

[13] Ovidie, « Pornocratie, les nouvelles multinationales du sexe », documentaire vidéo de 87 min, 2017.

[14] « Camgirl, du sexe derrière l’écran » (reportage de Cécile Guéry-Riquier, Timothée Dereix, Gérard Lemoine, Battiste Fenwick et Jérémie Drieu), Emission « Envoyé Spécial », France 2, 31 mars 2016, https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/video-envoye-special-camgirls-du-sexe-derriere-l-ecran_1382119.html

[15] Sofia Barrett-Ibarria, « Cam girl reality : an enticing illusion leaves many models poor and defeated », The Guardian, 14 janvier 2020, https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2020/jan/14/cam-girl-webcamming-porn-industry

[16] « Camgirl, du sexe derrière l’écran » (reportage de Cécile Guéry-Riquier, Timothée Dereix, Gérard Lemoine, Battiste Fenwick et Jérémie Drieu), Emission « Envoyé Spécial », France 2, 31 mars 2016, https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/video-envoye-special-camgirls-du-sexe-derriere-l-ecran_1382119.html

[17] Mustapha Laabid (député) et al., Proposition de loi visant à lutter contre la prostitution des mineurs, Assemblée nationale, Quinzième législature, 6 février 2019, http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b1650_proposition-loi.pdf

 

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