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Porto - Premier congrès pour lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants et des adolescents dans le tourisme et les voyages

C’est à Porto que se sont retrouvées plusieurs ONG à l’initiative de l’antenne portugaise du CIAF (Centre Intégré d’Appui Familial) pour un congrès sur le thème de la prévention de l’exploitation sexuelle commerciale des enfants et des adolescents dans les voyages et le tourisme (ESCCA). Centré sur la mise en œuvre des outils de prévention et bonnes pratiques, l’importance des partenariats entre acteurs privés et publics, le besoin de formation des professionnels concernés et l’arsenal juridique à disposition, cette rencontre a permis d’entendre l’expertise de plusieurs associations dont ECPAT International, la Fondation Scelles et le CIAF Brésil sur ces questions.


Tous impliqués dans la lutte


Alors que le phénomène ne cesse de s’amplifier, d’évoluer et de s’étendre géographiquement, plusieurs ONG se sont retrouvées pendant 3 jours pour faire le point sur les actions à mettre en œuvre pour le contrer. Si les obstacles sont effectivement nombreux, des différences législatives entre les pays, à l’importance du secteur touristique dans l’économie d’un Etat en passant par la gêne à évoquer ces sujets dans certaines cultures, le tableau n’est pourtant pas complètement noir. En effet, la société réagit, et les secteurs publics et privés construisent des initiatives de plus en plus performantes.

 

 

Un phénomène global qui évolue

Katlijn Declercq d’ECPAT International a planté le décor en présentant « The Global Study », l’état des lieux le plus complet, à ce jour, de l’exploitation sexuelle des enfants et des adolescents dans les voyages et le tourisme dans le monde, en mettant notamment l’accent sur les nouvelles tendances. Hélas, plus aucun pays aujourd’hui n’est épargné. Ce n’est plus seulement une affaire Nord-Sud avec les prédateurs occidentaux d’un côté et les victimes asiatiques, sud-américaines, africaines de l’autre. Le tourisme sexuel existe aussi au Portugal, à Paris, au Japon, à Moscou ou au Cap. Partout, il touche d’abord les plus vulnérables. Les prédateurs aussi ont changé. Les voyageurs locaux et régionaux sont devenus les premiers auteurs. Le tourisme a changé d’échelle, l’exploitation sexuelle a grandi dans les mêmes proportions. Les nouvelles technologies ont achevé de moderniser et faciliter les « contacts » : les réseaux sociaux sont aujourd’hui largement utilisés pour rapprocher auteurs et victimes dans un cynisme absolu. Encore aujourd’hui, trop de gouvernements et d’opérateurs touristiques continuent de fermer les yeux.

 

A Lire :
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ECPAT : Global Report 2016
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TOURISME SEXUEL : la Fondation Scelles sensibilise la jeunesse

 

Outils et bonnes pratiques

C’est dans ce contexte qu’ECPAT International a présenté son outil de prévention destiné au secteur public : le CODE (The CODE), une « initiative multipartite dirigée par l’industrie avec pour mission de fournir sensibilisation, outils et soutien à l’industrie du tourisme afin de lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants dans un contexte lié aux voyages et au tourisme », sorte de code de conduite que s’engagent à respecter les acteurs de l’industrie touristique.

Côté juridique, Yves Charpenel est revenu, pour la Fondation Scelles, sur les avancées de la législation d’extraterritorialité en ce qui concerne les crimes sexuels contre les enfants et les adolescents. La France a adopté ce dispositif législatif qui permet de condamner des nationaux auteurs d’abus sexuels sur des mineurs à l’étranger. Leurs auteurs peuvent être poursuivis à leur retour de voyage. Depuis la loi du 13 avril 2016, l’article 225-12-3 du code pénal permet d’ailleurs à un juge français de les appréhender même si l’infraction n’est pas reconnue comme telle par la législation du pays où se sont déroulés les faits. Si une cinquantaine de pays disposent à ce jour de lois extraterritoriales relatives à des abus sexuels sur mineurs commis à l’étranger, elles restent complexes et peu appliquées d’une manière générale. Le travail de prévention demeure bien le maillon essentiel, bien avant la répression pour lutter efficacement contre le tourisme sexuel.

 

Portugal, Une situation spécifique

Le Portugal connaît actuellement un fort attrait touristique. Le pays n’est pas non plus épargné par les forts courants migratoires touchant les autres pays du sud de l’Europe. Pour le CIAF Portugal, le constat d’une exploitation sexuelle des mineurs peine à se faire. Les autorités le reconnaissent du bout des lèvres. Le travail de sensibilisation de l’opinion publique, et le besoin de prévention et de formation des policiers, magistrats et professionnels de l’industrie du tourisme seront les étapes nécessaires à une bonne prise en compte de ce phénomène. Le Dr Nuno Melo, juge au tribunal pour la famille et les enfants de Porto a, quant à lui, estimé que même si l’éventail des lois permettant de protéger les mineurs des abus sexuels est suffisant, elles demeurent trop peu appliquées faute de temps et de moyens.

 

 

La Fondation Scelles dans la presse

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